L' adolescence de Coline, une adolescence familiale
(...)
Mme K accompagne sa fille, suite à ma demande, mais en fait j’attendais les deux parents. Selon Mme, son mari na pas pu se libérer car son travail est très prenant. Blonde, délicate, d’allure distinguée elle parait très proche de sa fille et ,dans le même temps, toujours attentive à faire attention à ce qu’elle dit pour ne pas la brusquer. (...)
Contrairement à ce que j’attendais, en fonction des paroles et de la grande confusion de Coline, Mme K. relativise la violence de son mari. Ainsi dans le discours de la mère, l’altercation entre père et filles se déroule bien à huis clos, dans la caravane, en mettant la mère à l’écart. Mais ce qui , chez Coline, paraissait interminable, violent, se retrouve minimisé chez la mère : « J’ai écouté à la porte de la caravane, explique- t- elle. J’ai entendu mon mari crier, engueuler Coline. J’ai tapé plusieurs fois à la porte, et mon mari a ouvert rapidement, au bout de quelques minutes … »
Contrairement à ce que j’attendais, en fonction des paroles et de la grande confusion de Coline, Mme K. relativise la violence de son mari. Ainsi dans le discours de la mère, l’altercation entre père et filles se déroule bien à huis clos, dans la caravane, en mettant la mère à l’écart. Mais ce qui , chez Coline, paraissait interminable, violent, se retrouve minimisé chez la mère : « J’ai écouté à la porte de la caravane, explique- t- elle. J’ai entendu mon mari crier, engueuler Coline. J’ai tapé plusieurs fois à la porte, et mon mari a ouvert rapidement, au bout de quelques minutes … »
Illustrations : Alexandra Petracchi
Ces détails agitent visiblement Coline, la mettent en colère, mais elle ne les contredit pas. « As tu le sentiment que ta mère ne t’a pas aidée, t’a abandonnée ? »
Coline pleure, ne répond pas, se cache le visage. La mère est navrée, me regarde visiblement dépassée, et tente d’apaiser sa fille en reprenant « il ne réfléchit pas … Il est comme ca, impulsif… Il est bien désolé d’avoir mal réagi… Il s’en veut beaucoup … » (...)Ces détails agitent visiblement Coline, la mettent en colère, mais elle ne les contredit pas. « As tu le sentiment que ta mère ne t’a pas aidée, t’a abandonnée ? »
La parole de la mère me permet d’entendre autre chose au delà de l’incident décrit, et Coline aussi.
Mme K. revient sur la relation mère fille : « Nous avons toujours vécu très proches toutes les deux … Mon mari n’était pas là, vous comprenez… Je gérais beaucoup de choses, c’est une fille vraiment adorable, la seule que j’ai … Je trouve que c’est beaucoup d’histoires pour pas grand-chose… En plus elle veut plus venir à l’école, l’année du bac, c’est dommage. »(...)
Là encore, Coline reste l’enfant idéale, dans la bouche de sa mère, parfaite en tous les domaines. Comme beaucoup de parents, « quand nous élevons nos enfants, nous voulons simplement être laissés en paix, n’avoir pas de difficulté, bref nous visons à faire un « enfant modèle » sans nous demander si cette manière d’agir est bonne ou mauvaise pour l’enfant » . (S. Freud)
« Cependant à l’âge de 16 ou 17 ans, un événement survint. Le père, parti si longtemps et qui ne voyait que très peu la jeune fille, revint au palais. Fatigué, il n’avait plus envie de retourner sur les routes et estimait pouvoir se reposer un peu auprès de sa chère épouse et de sa fille. Mais la jeune princesse s’offusqua fort de l’arrivée de son père. Elle ne pouvait plus ainsi exiger tout ce qu’elle voulait, et que la reine s’empressait de satisfaire.
Un soir de bal, la princesse refusa de rentrer à minuit. Le roi se mit fort en colère, la battit avec un grand fouet, et la plongea dans un baquet d’eau glacée. Après cela, la princesse pleurait sans cesse. Elle ne pouvait accepter le châtiment, qu’elle jugeait injuste de la part du roi. Mais plus que tout cela, la princesse pleurait de l’impuissance de sa mère à la protéger à nouveau. « Mère, ne peux tu renvoyer mon père sur les routes ? Fuyons ensemble, je t’en supplie, cet homme menaçant et inconnu, qui me menace et qui, de fait, te menace aussi ! C’est une question de vie ou de mort! » Mais à cela, la belle reine, toujours douce mais affaiblie par le poids des années, répondait alors : « cela n’est pas possible : tu dois pouvoir vivre avec cela ».
Et cela rendait la jeune fille fort triste, et elle ne pouvait plus ni manger, ni dormir, ni même étudier et lire ses ouvrages préférés. Bref, elle dépérissait… » ©
extraits du mémoire "L'A.S. en établissement scolaire : contours d'un espace relationnel avec l'élève" Martine ASSANDRI / D.U. Penser le travail social 2008/2010
à suivre ...