19 juin 2011

COMPRENDRE pour AGIR

La RECHERCHE comme OUTIL de TRANSFORMATION SOCIALE

Par Michèle BERTHIER et Katherine NOTO
Article synthétisant brièvement l’allocution de Henri PASCAL, sociologue et administrateur du Collège Coopératif Provence Alpes Méditerranée, qui nous dresse un historique de la recherche en intervention sociale et analyse les enjeux et les problématiques actuelles.

dessin tiré d'un article de "Lien social"

A l’origine, la recherche est essentiellement constituée d’enquêtes effectuées par des hommes détenant le Savoir et, à coté, le travail social pratiqué par des femmes « sur le terrain ».
Ainsi, « les hommes pensaient et les femmes agissaient. »
Avant 1914, les 1ères écoles en travail social sont ouvertes pour les femmes mais ne permettent pas la délivrance de diplôme, ainsi pas de légitimité c’est-à-dire ne donnant pas droit à la parole, ni de représentativité politique.
Plus tard, c’est par la sociologie que sont développées quelques théories explicatives permettant d’élaborer des méthodologies d’intervention.
Exemple : l’école sociologique de Chicago qui est un courant de pensées sociologique américain apparu au début du XXe s. dans le département de l’Université de Chicago, crée en 1892 et qui est le 1er département de sociologie au monde. Jane ADDAMS (1860 – 1935) a été pionnière dans ce domaine de la sociologie.
Mais, c’est le champ du travail social qui est le lieu de vérification des théories élaborées par les sociologues.
1938 1er diplôme d’Assistante sociale
La recherche s’inscrit dans le domaine universitaire, or les études de travailleurs sociaux s’effectuent en écoles spécialisées et, de ce fait, hors du secteur universitaire. Cette situation pose alors la question de la légitimité de la recherche en travail social.
Le travail social peut-il faire l’objet d’une recherche et où se situerait-elle ?
A ce moment-là, l’institution ne pourrait-elle pas être porteuse de recherche ?
Il aura fallu attendre de dépasser le découpage canonique de la recherche universitaire avec notamment l’émergence de Sciences de l’Éducation, qui ont la caractéristique de ne pas être mono-disciplinaire, tout comme les Sciences Politiques.
Alors, pourquoi ne pas parler des Sciences du Travail Social ?
En 1980, arrive enfin la création du Diplôme Universitaire de Travail Social sanctionné par un mémoire de recherche, reconnu bien que n’étant pas effectué dans un cadre universitaire.
A cette période, nous assistons à l’émergence des sciences sociales qui sont surtout une expertise du terrain social (ce qui se passe) et qui sert à l’élaboration des politiques d’intervention sociale : COMPRENDRE pour AGIR.
La mise en place de mémoires validant la formation introduit la notion de pré-recherche dans le domaine des sciences sociales.
En novembre 1997, le fond social européen agrée un projet intitulé : « Étude en vue de la création de doctorat en travail social, » présenté par l’ ETSUP, en partenariat avec le comité de liaison des centres de formation supérieure et permanent en Travail Social et associé à des responsables d’universités. Cette étude a montré une extrême diversité des enjeux de la création de ces diplômes, des réponses institutionnelles mises en oeuvre et des stratégies disciplinaires adoptées.
2000 Doctorat en travail social
Avec la création du doctorat en travail social, la recherche en travail social peut être légitimée.
La mise en place de la chaire de travail social au Conservatoire National des Arts et Métiers, vient bousculer le paysage institutionnel de la formation supérieure. Il s’agit toutefois d’une « création hybride » entre l’université et le monde du travail.
Depuis les années 2000, dans toute l’Union Européenne et même dans le monde, il existe des études permettant la licence jusqu’au doctorat en travail social, sauf en France.
L’Association Nationale des Assistants de Service Social défend activement l’implication des travailleurs sociaux dans leur formation. Il y a actuellement une mobilisation pour la reconnaissance des diplômes d’assistant de service social à BAC +3. (Il y a 3 années de formation professionnelle supérieure avec un temps de cours et de travail personnel égal ou supérieur à celui demandé en université pour une licence.)
Aujourd’hui, il y a beaucoup d’enjeux autour de la recherche dont l’une des caractéristiques est qu’elle est productive de la connaissance et de la transformation de l’action sociale.
Elle mobilise aussi plusieurs niveaux de la réalité sociale (personnes, structures institutionnelles, communautés de résidence,…) mais aussi plusieurs disciplines telles que la psychologie, la sociologie, le droit.
Aujourd'hui, Penser pour agir.
Une caractéristique fondamentale est que le chercheur est impliqué dans sa recherche, responsable de l’action et en formation, simultanément.
Le chercheur contribue à construire une professionnalité c’est-à-dire produire un savoir sur son action.
Est-ce que l’acteur social est en capacité de dire l’action sociale ou essaye-t-il de construire une vision de la réalité pour donner des pistes d’intervention ?
Un autre enjeu est de construire des outils c’est-à-dire travailler sur les méthodologies utilisées.
« Comment j’agis ? »
Ainsi, la recherche permet aussi de construire une parole publique.
Les institutions-employeurs disposent de salariés en capacité de produire de la recherche.
Alors pourquoi chercher des experts ? De ce point de vue, il semble intéressant de faire connaître la recherche en travail social.
Promouvoir la recherche est indispensable dans l’avancée de la profession des travailleurs sociaux.
La recherche, la formation favorise le développement du professionnel et en même temps, elle va s’intéresser à cette transformation, réinterrogeant sans cesse la pratique.
création Zazzle

06 juin 2011

Le CRAF est (presque) mort ... Vive le CPCT !



J' ai reçu cette info, que je trouve intéressante, et qui m'a aussi interpellé...
Cela comble un vide laissé par le CRAF, depuis deux ans.
Un colloque est organisé pour présenter une nouvelle proposition d'accompagnement et de soin :


le VENDREDI 24 JUIN 2011
14H à 19H
CONSEIL GÉNÉRAL
Place saint Arnoux 05000 GAP.

Colloque PRÉCARITÉ PSYCHIQUE ET LIEN SOCIAL

Ouverture à 14H15 Accueil

15H-30-17H15 Recevoir au CPCT : Quel traitement au CPCT Gap ?

Les intervenants du CPCT tenteront de répondre à cette question en abordant les particularités du traitement au CPCT.

17H30- 18H45
: TABLE RONDE autour du thème du Colloque:
Précarité psychique et lien social


Avec la participations d’associations régionales:
UNAFAM-ISATIS-CODES 05-MAISON DES SOLIDARITES-MDPH-CAC-CSM- UDAF-GEM PASSE MURAILLE

Entrée libre

Renseignements: e-mail : bruno.miani@sfr.fr

Cela ressemble (dans la démarche) tellement au CRAF... Mais ça ne l'est pas (ou plus) ! Y -a-t-il eu les résonances, des liens entre ces différents intervenants ?
Les travailleurs sociaux (on parle là encore de " lien social") qui avaient tenté cette ouverture et ce questionnement n'ont pas su (ou pu, ou voulu ) prolonger l'expérience du CRAF et la faire vivre.

En tout cas, si ce lieu existe, tant mieux (mais CPCT quel vilain nom... ;) ) ! Il reprend le constat, les propositions, le fonctionnement amenés par les intervenants du champ social et médico social, les formateurs, les superviseurs, lors de" l'ébullition CRAF"... Mais il est désormais clairement piloté par des psychanalystes, les soignants.

Le financement reste notamment le CG, mais n'évoque pas d'entretiens familiaux ni la supervision des travailleurs sociaux, qui était un élément fondamental dans la créativité, l'éthique et le questionnement du CRAF... et dans l'intérêt des usagers.
Les questions du partenariat, de l'orientation par divers services restent également posées...

Alors, c'est sûr, l'existence de ce centre comblera certainement un vide laissé par la psychiatrie, faute de moyens et de personnels et comblera des attentes, tant des personnels que des usagers. On peut juste regretter que le CPCT et le CRAF n'aient pas eu de démarches communes, des propositions conjointes, voire un fonctionnement hybride qui aurait paru tellement plus riche ...