21 octobre 2008

Journal d'une étudiante (octobre 2008).

Déjà la 3° fois que notre groupe d'étudiantes se retrouvent (oui, nous avons eu deux sessions en septembre, j'ai un peu triché) et nous nous (re)connaissons... Notre groupe s'élargit : 2 autres collègues du VAR nous ont rejoint, toutes 2 assistantes sociales de formation.
Nous retrouvons également Philippe PEDRO, Juriste et...Philosophe provocateur !



L'enseignement de P. PEDRO est riche et foisonnant, il mêle habilement citations, considérations personnelles, articles de presse, livres (tous exposés devant nous) débat (notamment sur le rôle des partenaires sociaux, sujet parfois épidermique) et textes de loi...
Son propos est vif, drôle et pertinent, il bouscule les idées reçues et se situe dans la confrontation d'idées. Par contre il provoque des remous et certains échanges étaient tendus, me semble-t-il...
En tout cas, "repolitiser le social", "Redéfinir radicalement les institutions", voilà un programme ambitieux et qui nous a donné du grain à moudre, entre nous, bien après les cours !

Au delà de l'exercice, c'est une foule d'interrogations qui s'imposent à nous : que devient la société "de consommation "? Qu'est ce que la réforme ? Quelle est la place des élites ? Comment laisse-ton s'implanter la précarité et la misère, alors qu'elle nous révolte (enfin... certains )? Quelle place pour les adolescents ? La sociologie a-t-elle encore un avenir ?...

Nous avons commencé un nouveau cours , sur l"Evolution du système de protection en France", confronté aux modèles Bismarkien (Allemagne) et Beveridgien (Angleterre). Et le bouleversement qu'a constitué la création du système de sécurité sociale avec l'ordonnance du 4 Octobre 1945, qui a marqué un tournant dans le domaine de la protection sociale.
Cependant souligne P. PEDRO, ce système "craque" actuellement, c'est un système "mosaïque" et qui devient inégalitaire : les personnes les mieux protégées ... sont les plus riches et profitent le plus longtemps du système !



J'oubliais : nous avons fait la connaissance de Elisabeth PAILLET, qui nous a donné un cours de Droit de 2 heures, très organisé, très cadré (l'opposé de M. PEDRO en somme mais complémentaire)sur "l'évolution du droit de la famille". C'est vraiment une chance de pouvoir aborder ces thèmes, de les élargir et de les conceptualiser, pour nourrir notre réflexion et notre pratique... sans oublier d'élaborer notre problématique (pas vrai Michèle ?).

18 octobre 2008

idée de lecture: roman "les magiciens de l'âme" d'Isabelle HAUSSER 1996

"A l'automne 1991, le docteur Apraxine, un Alemand d'origine russe, s'installe à Moscou afin d'aider la toute jeune Association de psychanalyse, créée en Russie après 70 ans d'interdiction."
Roman passionnant sur ce Moscou de l'après communisme, le chaos, les grands mouvements de société, la psychanalyse aux bouleversements de l'Histoire et puis, l'enfance, le passé, les secrets.
Date de 1996 mais tellement moderne et proche de notre vision globale du monde...
Petit extrait:
- " Je me doute de ce que vous pensez. J'ai fini par savoir comment les Occidentaux jugent mon pays. Je peux vous réciter la liste des critiques qu'ils formulent et celle des reproches qu'ils n'osent pas exprimer ouvertement. Je ne pense pas que vous fassiez exception, même avec des gênes russes. Ce ne sont pas eux qui font la différence, c'est la culture. Et votre culture n'est pas la nôtre."
- "Non, j'aimerais que nous parlions de la coïncidence entre la situation de l'Allemagne et celle de la Russie. Nos pays sont tous deux à un tournant de leur histoire, à une époque de révisions déchirantes. Votre Allemagne a disparu et mon Union Soviétique aussi. Nos univers ont basculé mais de manières diamétralement opposée. Nous sommes dans le cours d'un processus de morcellement, alors que vous vous réunifiez. Nous avons dû renoncer à une partie de nous-mêmes alors que vous venez de retrouver votre autre moitié."
-" Vous voulez dire que vous vous sentez affaiblis alors que nous nous sommes renforcés?"
- "Non, il s'agit d'un mouvement de balancier inévitable. Vous n'êtes devenus plus puissants que parce que nous nous sommes affaiblis. Vous n'y êtes pour rien. C'est la Russie le levier de l'Histoire. Mais j'aimerais savoir dans quelle mesure ces changements affecteront nos peuples."
- "Les individus?"
- "Non, les peuples. Le caractère national en sera-t-il modifié? Ne va-t-on pas assister à un retour au galop du tempérament naturel de nos peuples?"
- "Vous avez tort, Wolf Dimitrievitch. Moi je crois à la force des peuples. Je crois que les peuples ont une âme, qui est autre chose que l'addition de celles des individus qui les composent. Je crois que l'âme des peuples est capable d'aussi grandes souffrances que celles des individus. Mais qui sont ses thérapeutes?"
- "Les hommes politiques"
........Ah! Ah! vous voudriez en savoir plus! C'est vrai que la suite sur les hommes politiques-thérapeutes est fort surprenante! je peux vous passer le livre... trouvé "à la petite ourse". Qu'on se le dise!
Isa
PS: maintenant que je sais me servir du blog, "méfi"!...


une logique de la communication

Chapitre 7 1à 3 : Le paradoxe en psychothérapie


7.1 L'illusion du choix possible

Le chevalier de Barth : « c'est l'histoire……….. d'un homme, confronté à différents choix :
- « chercher la réponse à la question du désir des femmes…ou mourir » (reine)
- « obtenir la réponse auprès de la sorcière….ou ne pas la demander et mourir »
- « obtenir cette réponse auprès de la sorcière et donc faire tout ce que cette dernière voudra »
- « accepter pour femme la sorcière laide mais fidèle ….ou l'accepter jolie mais infidèle » etc….

On voit bien que chacun des choix que ferait le chevalier l'amènerait à une impasse et c'est bien ce que lui dit la sorcière (cf 7.1).
Alors que faire ?

Et bien le « dénouement » de ce choix impossible va passer par le « je ne choisis ni l'un ni l'autre » du chevalier, c'est à dire par le fait de récuser la nécessité même du choix (cf p.234)

Mais ceci implique que le chevalier prenne du recul face à cette double contrainte qui le confronte à des choix de plus en plus difficiles et le met dans l'illusion d'un choix facilitateur.
Ce recul lui permet de se soustraire à cette double contrainte et de se libérer ; mais aussi libérer les femmes (la reine, la sorcière).

Oui, la double contrainte enferme.

Et voici la morale de l'histoire…
Aucun changement ne peut se faire de l'intérieur tant la double contrainte est enfermante, comme toutes les communications paradoxales.
Si un changement est possible, il ne peut se produire qu'en sortant de ce modèle. Et c'est valable pour tout système quel qu'il soit.

7.2 Le jeu sans fin
Le jeu sans fin est lui aussi un mode de communication paradoxale et donc enfermant ; on ne peut l'arrêter qu'en en sortant et en pouvant alors communiquer sur le jeu lui-même
(« métacommunication»).
Il part d'une convention de codages des messages que s'envoient des personnes ou des systèmes partageant le même langage (une règle du jeu).
Cette convention passée est parfois tellement fermée qu'elle ne permet plus aucun changement du mode de communication, ni même aucune métacommunication…

7.2.1 D'où la nécessaire intervention d'un élément extérieur qui peut être, en psychothérapie, le psychothérapeute (p.237)
Le psychothérapeute va constituer un système nouveau et plus large (7.2.2 p.239) qui sort de l'ancien système (ex 3 ≠ la dyade mari- femme).
Il va aussi imposer, dans ce nouveau système, de nouvelles règles.
Il va utiliser toute la puissance du paradoxe pour améliorer la communication.
Par ex : il va prescrire le symptôme.

7.3 p.240 Prescrire le symptôme
Le thérapeute va devoir dépasser les simples conseils inefficaces car eux aussi enfermants.
A quelqu'un qui se plaint de ne pouvoir rien faire et n'avoir aucun désir, il ne sert à rien de dire "allez, bouges-toi !".

Un symptôme est un segment de comportement spontané, autonome car indépendant de la volonté de la personne et que la personne vit ainsi comme quelque chose qu'elle ne peut pas maîtriser. ex : désir soudain d'alcool ou autre produit et addiction qui s'impose. C'est cette oscillation entre spontanéité et contrainte qui rend le système paradoxal

(p.240).

Si le thérapeute veut influencer le comportement de quelqu'un, il n'a que deux manières d'y parvenir :
- la 1ère : persuader la personne de se comporter autrement mais « inutile » (cf ci-dessus)
- la 2ème : la
persuader de se comporter comme elle le fait déjà = « prescrire le symptôme »
Ce qui revient à lui dire « soyez spontané ». Magnifique paradoxe et double contrainte où le thérapeute exige un comportement spontané!
« soyez » = obéir à un ordre
≠ « spontané »= sous entend absence de contrainte et libre champ à la spontanéité…

En « prescrivant le symptôme », le thérapeute impose au patient une modification de son comportement.
Le tiers extérieur qu'il est, a pu modifier les règles du jeu (p.241), en imposer de nouvelles au patient et par là même lui permettre de sortir de ce jeu dans lequel il s'était lui même enfermé.

C'est toute la différence entre:

"je fais ainsi parce que je ne peux pas m'en empêcher"

Et
« je fais ainsi parce que mon thérapeute me le dit »

7.3.2 Psychanalyse et thérapie comportementale

Prescrire le symptôme ( double contrainte visant à faire disparaître le symptôme) peut paraître en contradiction ouverte avec le principe de la psychanalyse : « aucune intervention directe sur le symptôme »… mais la thérapie comportementale, en modifiant le comportement (déconditionnement), n'entraine en fait rien de bien fâcheux (sauf si bien sûr l'indication est erronée :ex : forcer un anorexique à manger…

On peut aussi dire que, si en thérapie comportementale, le thérapeute amène le patient à agir directement sur son symptôme, il l'amène aussi ainsi à découvrir qu'il peut s'en libérer.
On retrouve alors le principe psychanalytique de la « prise de conscience » qui amène le patient à s'auto-libérer.

Du point de vue qui est le nôtre, c'est à dire celui de la communication, on s'attache beaucoup plus au symptôme qu'on ne pourrait le croire.
En effet, lorsque le thérapeute laisse volontairement de côté les plaintes de son patient, il lui signifie que, pour l'instant, ça ne fait rien si ce dernier a ce symptôme. La seule chose qui importe est de savoir « ce qu'il y a derrière ».
Le fameux « à quoi ça sert ? » !
Ex/le symptôme alcool : « à quoi sert-il ? » et non « comment le supprimer ? »

Il est bon d'accorder beaucoup plus d'attention au bénéfice curatif de l'attitude permissive ex : exprimer le plaisir de boire.

7.3.3 Une logique de la communication
Pour finir, il faut rappeler l'aspect spécifique d'une logique de la communication qui considère la psychopathologie comme un système en interaction alors que la thérapie comportementale considère l'individu comme une monade et s'attache à lui seul pour l'amener à déconditionner ses comportements.
On a ainsi pu remarquer qu'après une thérapie comportementale, l'amélioration évidente d'un patient semblait n'avoir aucun effet sur l'interaction de ses partenaires et même que, si interaction il y avait, la thérapie comportementale ne s'attachait pas au système mais traitait encore ce nouvel état comme une monade isolée.

Alors que, dans une logique de la communication et suivant le principe d'homéostasie (qui consiste à ce que le système perturbé soit toujours ramené à son délicat point d'équilibre), on s'attache au fait que tout changement chez l'un des membres du système, entraine l'apparition d'un nouveau problème ou l'aggravation d'un état déjà existant chez un autre des membres du système.
Ex:/le symptôme alcool : un membre du système « famille » se fait soigner
Un autre membre de ce système « famille » craque ou déprime.

La suite est à découvrir dans le livre "une logique de la communication"!....

Isa





08 octobre 2008

Journal d'une "étudiante" !!! septembre 2008.

une rentrée universitaire sur les chapeaux de roue !

Ça y est, les cours ont commencé, et le programme est fort riche dés le début. On en a eu plein la tête, du coup vus les apports théoriques, on a été un peu sonnées la première séquence de septembre !

Le 05 est représentée en force : on est 7 sur les 14 stagiaires. C'est du lourd !

Les premiers cours étaient largement orientés vers la sociologie, avec un passage par l'anthropologie et des références bibliographiques en cascade. Gérard NEYRANT, sociologue, psychologue clinicien (et oui il a les 2 formations) s'avère un prof très intéressant et sympathique qui plus est. En plus,il trouve le temps de publier (biblio va suivre).

Bientôt en ligne, le plan de nos cours et certaines sont prêtes à retranscrire leurs notes ! C'est vrai, elles s'y sont engagées !

L'apport sociologique ouvre d'autres champs, il éclaire le contexte "sous grand angle".
Le rappel de l'évolution de la famille était également pertinent, mais il est d'autant plus complexe que toutes les formes de familles existent aujourd'hui...

Aspect psychologique et psychanalytique en parallèle, présenté par J.M. VIVES, psychanalyste, chercheur à l'université de Nice et très impliqué dans ce D.U. Très ouvert, il nous questionne sur nos pratiques ... mais aussi nous livre son questionnement personnel sur sa pratique de psychanalyste.



Une petite réflexion : je trouve les "psys" beaucoup plus prêts que les travailleurs sociaux à questionner leur pratique. La supervision est obligatoire pour exercer, si j'ai bien saisi, et ils évoquent régulièrement, en face à face avec un autre praticien, des situations de patients.
C'est rarement le cas pour nous ! Encore moins face à un autre travailleur social ! On est peut-être encore dans le jugement et la crainte de ne pas savoir "bien faire "?

Enfin rappel par C. MEHU de notre travail de mémoire écrit avec soutenance en 2° année, pour nous rappeler qu'on est là pour bosser ! Merci Catherine...

MA