02 décembre 2012

Consultation réciproque avec supervision (2)

Suite de notre consultation réciproque avec supervision : comment une famille peut mobiliser l'attention de tous, même sans les avoir rencontrés, et la vision diffractée des situations complexes ... Bonne lecture.


Cécile reformule et s’adresse  aux deux intervenant du Centre d’accueil psychiatrique qui sont restés silencieux.
Dora : Nous connaissons Mme B suite à un accueil en urgence et une crise importante, il y en a eu d’ailleurs deux très importantes au cours de l’été. Le centre a donc été interpellé. Mais on la connaissait même avant de l’avoir vue ; elle a mobilisé avant tellement de différents partenaires… Nous , c’était toujours en temps de crise, de façon ponctuelle.
David : Oui mais en même temps elle met sa vie en danger, de façon très importante. La dernière fois notre intervention  ponctuelle a duré 4 semaines !
Cécile : Pourrions nous revenir sur cet imaginaire autour de Mme B. ? Cela me semble important.
Sonia : en dehors de cet épisode de l’été, Mme B. se met constamment en scène, l’ensemble des intervenants est inquiet, se demande comment ça se passe, même quand on n' a pas de nouvelles. Mais maintenant, on n’appelle plus les pompiers, on n’a plus l’extincteur à la main, on se met en « décalé ».
Dora : Elle génère beaucoup d’angoisse, et c’était difficile de  mettre en place des choses.
David : Elle inquiète car elle met une proximité avec le gens, elle tutoie les personnes, elle appelle les travailleurs sociaux par leur prénom… On s’inquiète pour elle comme pour quelqu’un de la famille. A chaque interlocuteur elle dit ce qu’il veut entendre pour le rassurer, pour qu’on lui foute la paix…En même temps , elle veut qu’on la prenne en charge.
Dora : Je rajoute qu’elle dit que les choses se font à son insu.
Cécile : Qu’est ce que cela vous dit ?
Dora : Elle mobilise l’autre mais elle est dans le déni.
Jaune-vert, 1982 , Gerhard Richter

Cécile (au groupe résonnant ) : Je ressens que Mme B. est beaucoup dans l’imaginaire des gens. Du coup, elle inquiète beaucoup par ses mises en scène de mise en danger car elle installe une proximité.
En questionnant les intervenants je m’aperçois … J’ai un trou … C’est quelque chose autour du déni…
Simone : on dirait qu ‘elle n’est pas acteur de sa vie.
Michèle : Elle sollicite mais elle adapte son discours en fonction du travailleur social en face d’elle. Du coup où est sa place, où est sa demande ?
Jeanne : J’aimerais retravailler autour de l’angoisse, aujourd’hui vous semblez moins dans l’urgence, un autre positionnement pourquoi ?
Sonia : On dirait que c’est une femme seule, on n'entend rien est ce qu’elle est seule ? Quelle famille ? Quels enfants ? On dirait que la famille a disparu.
Colombe : je pensais à la sclérose en plaques : une maladie qui se développe à son insu et par vagues …
PB : Très intéressant : le rapport entre symptôme clinique et somatique.
Nathalie : Moi je suis intéressée par cette nouvelle filiation.
PB : A quoi pensez-vous ?
Nathalie : Le fait que si elle se rapproche des travailleurs sociaux, elle crée des liens de …
PB : C’est de l’affiliation alors.
Nathalie : Oui elle crée des liens, elle n’a pas d’autre famille.
Véro : Elle met plein de choses en scène, elle mobilise autour..
PB :…même quand elle n’est pas là.


Cécile : Je vais essayer de reformuler en plusieurs points :
·         Autour de la famille, il y a création de liens d’affiliation ;
·         Autour de la maladie, la sclérose qui fait des vagues ;
·         Autour du positionnement, comment Mme B. s’adapte et se met en scène.
(Aux invités) : Pourriez vous me parler de la famille qui gravite autour de cette dame ?

Laurence : Pour vous cela serait plus clair ? Bon, pour nous aussi, cela est difficile, la place de la famille est compliquée, par exemple avec son mari …
PB : Stop, vous allez sur l’histoire comme si vous alliez vers des personnes plus compétentes que vous !
Vous traitez un peu la demande de Cécile mais le contexte est différent. Les autres du groupe sont soutien, il faut que ceux qui présentent travaillent. Si vous travaillez des éléments de l’histoire vous devez les reformuler à partir de ce qu'ils ont apporté. Exemple : J’ai perçu une situation concernant une femme souffrant de sclérose en plaques. Parallèlement cette femme est victime de violence conjugale et, qui plus est, présente des passages à l’acte, anciens ou actuels. A partir de là sur quoi souhaitez vous réfléchir ?
La particularité est la difficulté d’établir un lien avec cette personne.
Ce n’est pas apporter plus d’informations mais comment vous vivez avec elle et ce qu’elle vit avec vous, les difficultés que cela génère.
Ce qui est à soigner c’est déjà prendre en considération le lien par lequel vous êtes engagés dans cette situation.
L’objet, c’est quel type de lien vous construisez avec elle et si ce n’est pas justement cela qui vous met en difficulté.


1024 couleurs, 1973, Gerhard Richter
Dans ce type d’histoire, est ce toujours la même choses pour les équipes, une vision diffractée, ou quel type de lien entre équipes apparaît, comment les uns et les autres sont pris dans cette histoire.
A Cécile : Ce type de reformulation essaie de recentrer l’écoute moins sur la problématique de la personne que sur l’objet-lien…

                                                                                A suivre ...

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