10 décembre 2012

Suite de la consultation réciproque avec supervision (3)



Pierre Benghozi  à Sonia: Bien, je ne perçois pas vraiment votre demande …
Sonia : On est moins inquiets effectivement, moins en attente autour d’une demande…
Pierre  : Le contexte a évolué. Peut-être avez vous moins d’attentes , et tant mieux.
Nath : Ce qui est intéressant c’est que vous dites ne plus en avoir besoin et en meêm temps vous présentez la situation.
Sonia : On est un peu en décalage avec la demande initiale, à cause de problème de calendrier, qui a changé 4 fois !
Pierre : La formulation de la demande avait un sens à un moment et le calendrier a provoqué chez vous des recherches de solution. Peut-être le seul fait d’y avoir pensé l’a fait évoluer ?
Sonia : Oui, certainement. On a essayé de lui montrer notre présence mais aussi de se détacher. On axe notre intervention autour d’une mesure de tutelle, en reprenant ses difficultés. On a essayé d’évacuer l’urgence.
Jeanne : En quoi ce changement de positionnement a fait bouger les choses ?
Sonia : Peut etre en étant “au dessus”…
Pierre  : En prenant un peu de distance? C’est intéressant de voir des espaces d’extériorité, comme la supervision ou d’autres lieux de ressources.
C’est un autre cadre de travail de mettre un tiers dans des choses un peu fusionnelles.
De fait un espace qui existe vous permet de l’utiliser pour donner une autre représentation de la situation elle-même.
Sonia : Oui, nous présentons chaque semaine une étude de cas avec un psychologue. Cette situation est d’ailleurs revenue 3 fois ! Effectivement ce tiers-ressource est utile.
Pierre : Le caractère positif est que ce tiers ressource est, bien sûr, comptétent mais au delà de cela, le simple fait qu’il existe vous permet de l’intérioriser dans ce type de situation. Cela crée des contenants de relations. C’est une chance car cela n’existe pas dans toutes les équipe.
Paul Klee


à Cécile : Etes-vous prête à rebondir à partir de ce qui a été dit ?
Cécile : Je me disais que l’équipe avait su trouver ses ressources et que c’était merveilleux ! Leur positionnement a permis des choses. Leur inquiétude est le risque que cela retombe…
Pierre : Ils ne l’ont pas dit comme cela . Vous vérifiez votre hypothèse?
Cécile : Si cette vague retombait, si ça retombait, cela vous inquiète ?
Pierre: Vous retombez sur la personne, le “ça”concerne Mme B., mais ce n’est pas d’elle dont il s’agit. Bien sûr des questions sont en suspens, par exemple : De quelle forme de sclérose en plaques souffre Mme, est ce clair pour tout le monde ?
Katherine  : on ne sait pas si l’AAH obtenue l’est par rapport à la maladie en elle-même ou si elle est dûe à autre choses.
Jeanne : J’ai une représentation sur ce parrallèle, entre la famille et le fonctionnement du centre …
Pierre : Ils n’en sont pas encore là. Cette réflexion sur leur travail serait presque une conclusion. On n’en est pas encore là.

Véronique ( à Sonia) :Comment cela est travaillé et vécu le fait de proposer une tutelle alors que chez le psychiatre Mme dit que tout va bien ?
Martine : Moi j’entends différemment, plutôt comment l’équipe va-t-elle donner du lien à d’autres équipes ? Comment Mme B. va-t-elle devenir autonome ?
Pierre : c’est vrai, c’est important de voir combien la structure est concernée par Mme B. Cela remet de la réalité, les limites de la structure, du concret. Finalement on arrive à la question de Cécile .

Comment travailler dans le contexte du dispositif ce type de situation ?
Dora: oui pour moi cela est une priorité, une préoccupation de savoir une fois la prise en charge terminée, Mme fera pour s’organiser …
Pierre : cela va au delà, ce n’est pas ce que Mme B. va devenir mais quel est le sens du travail donné, dans ces situations par une équipe, quelle prise en charge, dans un lieu de passage, sur un temps donné. N’est ce pas là un cadre pour penser le travail ?

(Image extraite du "Purgatorio" de Roméo Castellucci, en 2008, à Avignon).
"On n’est pas tout, ni pour toujours. C’est un accompagnement à deuil incorporé, la clinique du lien éphémère."
La différence entre la structure psy et vous, c’est qu’ils sont toujours là… parce que ils sont déjà là. Ils sont un relais ? Mais alors là on refile le bébé !
Il faut penser le dispositif et la temporalité. Vous devez construire un lien d’affiliation particulier entre vous, et il ne peut y avoir de rupture, ni de séparation mais en même temps pas de vrai investissement. 
Comment poser la question de “qu’est ce que cela devient après ?”, après un hébergement et une prise en charge qui ne peuvent être renouvelables ?

Suite et fin la prochaine fois ! 

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