07 janvier 2011

Coline, Princesse d'aujourd'hui, Chapitre 3.

 Coline en crise, Crise de la famille
Un entretien familial ou commun avec l’adolescent et un membre de sa famille, comme ici Coline et sa mère, permet d’avancer ensemble sur les problématiques mises en œuvre. Ainsi, nous pouvons nous apercevoir, et c’est le cas ici que, par delà la relation conflictuelle d’une adolescente avec ses parents, nous nous situons ici dans une approche du lien au sens ou l’entend Pierre Benghozy : « Avec l’adolescence  d’un de ses membres, c’est l’ensemble du groupe familial qui est concerné par le processus d’adolescence »[1].
                                                   Alexandra Petracchi
Coline a d'emblée était d'accord pour que je rencontre ses parents : mais il sera impossible que je les rencontre tous les trois ensemble, soit parce que M. F. est en déplacement, m'explique sa femme, et n'a pu se libérer (mais je me demande si tout n'était pas mis en œuvre pour éviter la confrontation à trois); soit parce que Coline trouve aussi de bonnes raisons pour ne pas venir lorsque son père est disponible (rendez vous chez le médecin, déplacement chez une tante etc.). Cependant grâce à Coline et son symptôme, les parents viennent ensemble pour la première fois pour parler de la situation de leur fille. Jusqu'alors, tout ce qui concernait Coline était de l'exclusive compétence de la mère.

Le Roi et la Reine étaient fort malheureux de voir l’évolution de leur enfant chérie. Ils se demandaient pourquoi la dispute entre le Roi et sa fille avait pris une telle ampleur. Le Roi se sentait triste et recevait chaque jour les reproches de sa femme, comme si ce qu’il avait fait était un crime. Il n’avait pourtant, selon lui, que rappeler que c’était lui le seigneur du château et que sa fille n’avait pas à fixer des règles et à mener ainsi tout le monde à la baguette ; dans le même temps, il en voulait à sa femme de ne pas prendre fait et cause pour lui, bien que n’osant pas, de son coté lui faire des reproches. Car il reconnaissait souvent, devant ses amis et sa famille, que la Reine était au-delà des mortels, plus clairvoyante et plus intelligente que les autres, mais dans le même temps, il lui reprochait d’avoir pris toute la place dans le palais et dans le cœur de leur fille .

Tout au long de la période, je verrais M. F. accompagné de son épouse, mais sans Coline. Ces entretiens s’avèreront importants pour Monsieur et sa femme, pour le couple qui se trouve à son tour confronté à une crise. Jusqu’à présent le couple était présenté par Mme K. comme sans soucis, sans problèmes puisque gérés au quotidien par la mère. C’est le père qui relativise la vision positive des relations. « Mais que voulez vous, ici, dans la famille c’est la bonne fée qui s’occupe de tout (montrant sa femme)  – et oui c’est vrai, elle le fait bien ! Heureusement qu’elle est là ! – mais moi je peux rien contre la bonne fée … » dira Monsieur, reprenant à ma grande surprise, et avec amusement, ce terme de « fée » pour parler de sa femme.
 
                                                                     Katogi Mari

M. F. semble avoir besoin de parler beaucoup, c’est comme un soulagement : « C’est dur de se retrouver ainsi accusé, d’être comme un criminel … Oui c’est ce que me disait ma femme et ma fille, (il est interrompu par Mme qui proteste, indiquant qu’elle n’a jamais utilisé ce terme-là, ni sa fille)  tu ne le disais pas comme cela mais je me sentais, oui, comme un moins–que-rien, un criminel… »
Cette mise à l’écart du père se retrouve souvent dans les contes, comme par exemple dans celui de Blanche Neige. Ce conte nous rappelle ainsi que « seule l’attention affectueuse des deux parents, jointe à un comportement responsable, peut permettre à l’enfant d’intégrer ses processus œdipiens ». [2]Coline a toujours vécu dans une grande complicité avec sa mère, quasi fusionnelle. A l’adolescence, les rôles se modifient et l’enfant pubertaire « est ambivalent dans son désir de surpasser celui des parents qui est du même sexe que lui. »[2]
©

[1] BENGHOZY P., Cours de psychologie Une clinique du traumatisme et de la catastrophe  du 24/04/2010, D.U. Penser le travail social, Université de Toulon.
[2] BETTELHEIM B.,  Psychanalyse des contes de fées, réédition POCKET, 2008.

extraits du mémoire "L'A.S. en établissement scolaire : contours d'un espace relationnel avec l'élève" Martine ASSANDRI / D.U. Penser le travail social 2008/2010

à suivre ...



1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est marrant, c'est vraiment d'actualités tout ces problèmes la... C'est vraiment bien écrit, bravo ;)

Gwen