29 novembre 2008

Claude LEVI-STRAUSS

Sociologue, Ethnologue et philosophe, C. Lévi-Strauss fête ses 100 ans ce mois-ci.

Son expérience, ses découvertes, sa curiosité, nous ont fait découvrir d'autres cultures, d'autres modes de vie et il est intéressant de découvrir son regard aujourd'hui sur notre société.

Journal d'une étudiante (novembre 2008)... donner du sens...



Décidément le D.U., quelque soit la matière enseignée, par ses croisements, ses relations, ses échos durables allant d'un cours à l'autre occupent pas mal de ma pensée et alimentent (du moins je l'espère) ma réflexion.

Ainsi, c'est le centenaire de Claude LEVI-STRAUSS ! Grâce à Gérard NEYRAND, et son panorama de l'ethnologie et de la sociologie, j'ai eu envie d'aller à sa découverte : homme curieux, ouvert, humaniste, un homme que l'on aimerait rencontrer pour sa grande ouverture d'esprit et sa culture. Mais aussi pour aborder certains points douloureux comme une planète "en trop plein" de tout et notamment d'humains... dur dur !
Je dois partir pour les vacances de fin d'année à Paris. Le musée du Quai Branly offrait une journée spéciale pour la collection d'œuvres d'art de Lévi-Strauss le 28 Novembre 2008. J'aimerai bien y refaire un tour, si cette expo perdure, pour aller à la rencontre de ces objets et de ces cultures
"où toutes les rêveries de l'enfance se sont donnée rendez-vous, où des objets indéfinissables guettent le visiteur avec l'anxieuse fixité des visages" ...(1)




Le cours de Droit de la famille nous a montré et rappelé combien le Droit essaie de "coller" au mieux aux "réalités" des familles... Je trouve que, si des avancées sont certaines dans ce domaine, notamment sur la place de l'enfant et son statut au sein de la famille, il n'en va pas de même dans le quotidien et la prise en charge des enfants et des ados.
J'ai lu dans les ASH (2)les propos d'un éducateur, Damien Grethen, qui s'interrogeait ainsi sur la réelle prise en compte des difficultés de la population jeune aujourd'hui, constat que je partage et cette phrase m' a interpellée : "
"La nouvelle loi sur la protection de l'enfance ne porte pas bien son nom, elle fait la part belle aux parents au détriment des enfants..."
Ce sentiment est ressenti surtout quand il y a une multitude de "clignotants" mais qui restent isolés et non inscrits dans une réflexion globale. Trop souvent encore, la protection de l'enfance reste négligée, on colmate les brèches, on tente des expériences (placement, changement d'école, proposition de soins, etc...) Des fois ça marche... et des fois non.
Je constate moi aussi sur le terrain, ces "incasables" décrits dans le rapport de l'Observatoire National de l'enfance en danger (3), ces adolescents qui dérivent de plus en plus et se retrouvent marginalisés, oubliés, ignorés...
Quel devenir pour eux et pour notre société qui constate et ne fait rien... Et je m'inclus parfois moi aussi dans ce cycle infernal !
Ces éléments nous poussent à sortir des logiques institutionnelles. Ainsi D. Grethen note :
"Dés que des clignotants s'allument, il y a lieu de réunir l'ensemble des intervenants".

Et le rapport de l'ONED de rajouter :
"Les professionnels ne devraient pas s'interroger sur le sens du parcours mais aussi sur leur cohérence.
Les institutions continuent, au delà des incantations sur le partenariat, à fonctionner comme avant."

Bon, pour pas casser trop l'ambiance, des nouvelles du groupe : il s'agrandit encore, tant mieux : encore des filles, encore des A.S., décidément "penser le travail social" sur le terrain est exclusivement féminin ! Je blague évidemment, criez pas les mecs! (Coucou aux éducateurs qui bossent avec moi et avec qui on échange beaucoup sur ces questions).


Il est pas sympa ce groupe ?






La fac est pas mal non plus. Le samedi après-midi elle est beaucoup plus calme que le reste de la semaine. D'ailleurs on joue "les voitures balais", dés que nous partons le gardien nous emboîte le pas pour tout fermer à clef!

Les filles du C.G. 05 ont la chance d'avoir une voiture de fonction! Allez à la prochaine les filles !



(1) Libération du 28/11/08 article et photos de la "Lévi-Strauss Collector".
(2) ASH n°2582 du 21 novembre 2008 article "La prévention ne doit pas se faire au détriment des enfants".
(3) ASH n°2576 du 10 octobre 2008 : "Une souffrance maltraitée - Parcours et situations de vie de jeunes dits "incasables"" Chef de projet : Jean Yves Barreyre (sociologue) - Parrainé par l'ONED.

18 novembre 2008

Sociologie cours de Gérard NEYRAND . Approche sociologique de la famille.

L'axe sociologique s'inscrit dans la durée.
Evolution de la notion de "famille".

La famille nucléaire a eu une durée très courte; au 18ème siècle, 80% de la population française était paysanne. (région nord - famille traditionnelle; région centre sud – plus complexe, cohabitation de plusieurs noyaux familiaux.) Cela relativise l'idée de crise de la famille.
Famille: définition large (cousins oncles, etc) à restreinte (quelques personnes). Pour l'anthropologUe, le mariage est à l'origine de la famille.
La famille est centrée sur la vie en commun, dans un même logement; mais une
« famille » sans mariage, sans enfant, sans logement commun et même avec les parents séparés, reste une famille. le terme monoparental n'est pas correct, il faudrait dire « foyer monoparental ».

La trame de l'alliance doit se conformer à des règles, des prohibitions de mariage. On ne peut pas se marier dans sa famille d'origine. Pour qu'une famille se fonde, chaque famille accepte qu'un de ses membres se sépare. Il y a nécessité de communication entre famille pour un mariage.

Existe-t-il un modèle de famille à la base des sociétés humaines?
Non, il y a des règles de la parentalité, des liens de filiation, des liens comportementaux, sociaux, des alliances.
Les règles sont différentes selon les pays, les parents, etc...

Filiation: Reconnaissance de liens qui existent entre les individus :
Dans notre société la mémoire généalogique est très courte, 3-4 générations en moyenne. Dans d'autres sociétés il y a des ancêtres mythiques qui désignent les droits et les devoirs.
Filiation unilinéaire: on ne reconnaît pour parent que ceux qui descendent d'un seul parent. C'est la filiation patrilinéaire ou matrilinéaire. Dans ce lignage, il y a définition d'un clan.

Lignage: rapport religieux, économique, politique; rapport de parenté articulé sur rapport de lignage.(politique au sens de la gestion de la cité).
Dans une société matrilinéaire, l'homme qui est important est le frère de la mère;
Dans une société patrilinéaire, la femme déménage et vient vivre dans la maison du père de son époux.
Il y a transmission du nom, des biens, de privilèges...

La question importante est: « De qui est-on le fils? » d'où l'importance du mariage.

Dans notre société, la filiation est indifférenciée,cognatique. les règles d'alliance sont définies par le mariage.
Dans les systèmes élémentaires, les règles d'alliance donnent les interdictions et les prescriptions, dans les systèmes complexes, les règles d'alliance sont négatives, elles précisent qui on ne peut pas épouser.

Grandes diversités des formes familiales.
L'ordre social est inscrit dans une parenté incorporée, dans la conscience et le corps, c'est constitutif de l'individu.
(exemple dans certaines société cela amène à la réincarnation)
Les systèmes sont imbriqués avec les autres rapports sociaux, supports d'autre chose que d'eux-même. Parenté subordonnée à d'autres rapports sociaux, politique, économique, religieux. Il y a un effet de marquage des autres rapports sociaux.

Toute personne née avec une place non négociable se retrouve en position de « dette de vie » envers ses parents, sa société.
Prise de distance avec l'analyse structurale, par exemple avec GODELIER.
Certains exemples ne rentraient pas sur le modèle structurale, il y a eu évaluation de ses limites et contestation de l'œuvre de Lévi- Strauss.(immense anthropologue et père de la sociologie en France)
Il existe un lien entre des sociétés disparates. Cela remet en cause le caractère universel de l'échange des femmes et la domination masculine.
L'émergence de la pensée symbolique devait exiger que comme les paroles, les femmes s'échangent.(passage à la famille de l'homme). Les personnes échangées dans le cadre du mariage ne sont pas aliénées, elles gardent leur lignage. On cède le droit sur les personnes et non les personnes elles-mêmes. (droit sur sexualité, reproduction, etc) la comparaison avec l'échange économique n'est pas valable. La femme reste rattachée à son groupe familial avec ses droits et devoirs. L'échange se fait toujours avec les droits et devoirs.

Françoise HERITIER avance l'idée que l'identité de genre est plus fondamentale que l'identité de sang. Les rapports entre sexualité et pouvoir ont tendance à être repenser. La domination des hommes sur les femmes existe mais ce n'est pas le fondement de la parenté.
(sexe: référence biologique, genre: référence culturelle)
La sexualité est toujours prise dans d'autres rapports sociaux (politique, religieux, économique), il y a subordination d'un domaine de la vie sociale et non du sexe.
(corps sexué: machine ventriloque du social, quelque chose d'autre parle à travers le corps sexué. Chaque société a des mythes interprétatifs de l'ordre du monde. Dans notre société il y a le christianisme, Marie/Jésus.) Cela donne naissance a des phantasmes. La place du corps représente l'ordre social. (somatique)
On se tient selon un certain ordre social établi (code), l'ordre social s'inscrit dans le corps au delà du langage. (attitude)
Le corps est source d'évidence sociale et cosmique. Il y a incorporation du social.
Hexis corporelle: c'est la façon dont notre corps a intégré les codes sociaux;
Corps et psychanalyse: incorporation qui façonne ce que chacun a de plus secret.
En 1970, apparition de l'idée de l' « anti œdipe », questionnement du mythe freudien. Les théories globalisantes évoluent.
FREUD a toujours été en recherche, aussi, dans son oeuvre immense, il y a des contradictions. Féticher les théories de FREUD reviendrait à figer ses idées.
La socialisation du pulsionnel s'inscrit dans le corps. Il y a mentalisation de ce à quoi le corps est soumis.

Caractéristique de l'Homme: vit en société, est un produit de la société.
L'Homme a la capacité de se représenter de façon abstraite ses rapports à la société (réflexivité)d'où l'importance de la socialisation primaire, il y a mise en place de sa capacité à la représentation, à la mentalisation de son existence.

Notes de Michèle, 12 septembre 08.

12 novembre 2008

Un peu de paradoxe ...

Pour ceux qui le souhaitent vous pouvez consulter ce texte de Hélène BIAUSSER dans sa totalité, avec le lien indiqué en bas de page. Bonne lecture de ces quelques extraits , et attention aux urgences ! H.M.
Louise Bourgeois

Le paradoxe tue-t-il le système ou l’enrichit-il ?

Par Evelyne BIAUSSER, Consultante en Réorganisation auprès de la Fonction Publique Territoriale, Enseignante en GRH, Epistémologue.

"Dans un premier temps, j’énoncerai les différents paradoxes auxquels sont confrontés les décisionnaires dans le monde du travail, comme autant d’injonctions contraires, se traduisant par des divorces cognitifs ou éthiques, et composant un environnement organisationnel chaotique."

"Comment enfin faire coïncider l’hélice humaniste et l’hélice du pouvoir ?

Comment continuer à véhiculer des valeurs parmi des structures qui ne les respectent pas ? Pour ne citer que quelques manifestations du paradoxe…

Dans une deuxième partie, en m’appuyant sur le paradigme de la Pensée complexe, je recenserai les attitudes nouvelles et favorables pour mieux fonctionner dans ce chaos.

En conclusion, j’inviterai le lecteur à traiter le paradoxe comme un enrichissement, une opérationalité nouvelle, une chance à saisir comme un degré supérieur d’intelligence, une autre étape de l’hominisation – vers l’humanisation ?
...
J’ai placé cette réflexion dans le cadre des « contradictions organisationnelles ». Mais elle pourrait tout aussi légitimement s’inscrire dans le thème des « contradictions intra-psychiques » ou dans celui des « contradictions interpersonnelles », parce que les unes entraînent ou redéfinissent forcément les autres, puisque l’intrication des niveaux de paradoxe détermine désormais un éco-système professionnel complexe."

« Est-ce urgent ? » m’enquéré-je régulièrement auprès de mes donneurs d’ordre, dans un reliquat d’esprit de contradiction et d’humour anarchique de 3ème degré…
La réponse est immuablement indignée : « évidemment !».

Ainsi, d’urgence en urgence, le rythme s’emballe, en faisant disparaître les espaces de réflexion, de recul, les « silences » musicaux.
Je citerai l’anecdote – comique si elle ne recouvrait la souffrance d’un cadre- d’un Chargé de communication sortant du bureau d’un Directeur qui venait de lui confier la réalisation d’une plaquette d’information. Au moment où il arrive dans le sien quelques minutes après, décrochant le téléphone insistant, il s’entend demander par l’homme qu’il venait de quitter : « Alors, c’est fait ? » ! Le cadre en question, pris de fureur, hurla dans les couloirs à l’attention de tous, son incompréhension d’un système qui le trahissait, alors qu’il l’avait si bien servi en entrant dans cette spirale d’accélération, toujours plus d’efforts pour aller plus vite, plus loin, plus fort…
Ce cadre, comme tant d’autres, était rattrapé par le paradoxe des échelles différentes voire contradictoires auquel nous sommes confrontés : ici, c’est le télescopage entre l’urgence et l’espace temporel minimum qui nous est nécessaire pour penser et faire. Quelle construction humaine peut durer sans durée ? Il faut toujours -à peu près- le même temps à l’esprit pour acquérir des compétences, pour tirer savoir de l’expérience ou pour faire avec les autres, c’est-à-dire pour construire."
...
« Nous avons besoin de gens créatifs » titrent régulièrement les annonces d’emploi des grands groupes. Quelques frais émoulus d’Ecoles se ruent naïvement dans cette voie…pour s’entendre, dès le premier entretien de recrutement, demander de justifier sérieusement le moindre petit accroc dans leur parcours les éloignant du formatage, de plus en plus réducteur d’humanité, que cautionnent les chargés de recrutement de tout poil. « Toute vérité naît malgré l’évidence » pourrait rappeler Bachelard à ces petits censeurs, gardiens d’un ordre qu’ils desservent…(in La formation de l’esprit scientifique). Mais les règles sont tellement peu claires entre 2 discours, que là aussi les décisionnaires, ne sachant auquel prétendre et se référer, choisissent (?) l’absence de choix. D’où les processus sans fin (ni finalité ?) de certains recrutements à priori « urgents ».
...
On retrouve ce divorce entre factualité et globalité dans le travail social. Ce que commande l’Institution ( Mairie ou Conseil général) est de l’ordre du très court terme, sous prétexte que le problème se situe dans l’urgence : le travailleur social doit fournir une réponse factuelle, telle qu’une aide financière, un logement, une hospitalisation, etc. Mais ce que demande un RMIste ou un SDF appelle une réponse globale : la compréhension de son système de structuration/déstructuration. C’est aussi à cette demande que veut satisfaire le plus souvent le travailleur social, mais on l’aura compris, une réponse factuelle est plus visible dans une politique électorale…"

Texte complet sur :

">http://www.biausser.fr/html/2002_ipm_pau.html