Sous la direction d’Evelyne Andreewsky et Robert Delorme.
Ed L’Harmattan /Collection Ingenium, 2006, 169 pages, ISBN : 2-296-00473-3, EAN : 9782296004733.
Ce livre est né d’un colloque en hommage à Heinz Von Foerster, qui s’est tenu le 24 octobre 2004 à Paris VII, conjointement organisé par l’Afscet[1] et Aemcx[2].
Y figurent deux conférences du « penseur » - la difficulté à le nommer nous indique déjà sa foisonnante transdisciplinarité – sur l’éthique et la responsabilité ; et les interventions de six chercheurs contemporains qui témoignent de son héritage fertile dans des champs aussi divers que la biologie (Henri Atlan), l’épistémologie génétique (Mauro Ceruti), la philosophie morale et politique (Jean-Pierre Dupuy), la psychothérapie (Jacques Miermont), la pensée complexe (Edgar Morin), les mathématiques (Robert Vallée).
L’une des particularités, non des moindres, d’Heinz von Foerster, ayant été, ainsi que le rappelle Robert Delorme, de n’avoir pas écrit de livre, même si en 2003 – un an après sa mort - est parue sous la responsabilité de son fils une collection de douze essais préparée par lui-même.
Sa volonté de ne pas s’enfermer dans les « -ismes » divers a certainement ralenti le défrichage de cette oeuvre pourtant si riche de concepts fondateurs pour l’avancée de la connaissance.
S’il fallait en choisir un, la « cybernétique de second ordre » s’imposerait certainement en premier, comme celui qui a fait entrer le système observant dans le système observé, bouleversant ainsi la fameuse « objectivité scientifique », qui s’appuyait sur la séparation de l’objet et du sujet.
Lorsqu’en 1997 on lui demande s’il est constructiviste, il répond :« non, je suis viennois... »
Derrière la boutade apparente se profile pourtant un contexte signifiant : celui de la Vienne des années 20 –Heinz y est né en 1911-, de ses cercles savants initiant le dialogue transdisciplinaire et le questionnement du questionnement.
A son arrivée aux Etats Unis, en 1949, il devient « l’éditeur » des Conférences Macy, baptisées par lui « cybernetics », où il rencontre Gregory Bateson, Margaret Mead, Norbert Wiener, John von Neumann, Warren Mac Culloch, en un échange multidisciplinaire autour de la causalité circulaire et le feed-back dans les systèmes biologiques et sociaux. Il fonde ensuite en 1958 le Biological Computer Laborary, travaillant sur les concepts cybernétiques et leur application à des problèmes aussi bien techniques que sociaux, jusqu’en 1975.