07 janvier 2009

Réflexions autour de la loi du 2 janvier 2002 –T.D. décembre 2008.

J. CABASSUT :
Enseignant, chercheur à l'université de Nice, psycho-clinicien de formation.
Il travaille dans le champs de la santé, actuellement dans un foyer d'accueil médicalisé (secteur psychose et secteur déficients adulte) et dans l'arriération profonde (handicap mental). Auparavant, il a travaillé plusieurs années dans un centre de rééducation de grands brûlés.
Il ressort de son expérience qu’ un travail d'équipe est nécessaire mais aussi un travail institutionnel dans le cadre du champs de la santé ou du médico-social.
La réflexion d'équipe est nécessaire sur les fonctionnements et dysfonctionnements, en quelque sorte une psychothérapie institutionnelle, l'établissement d'un autre rapport au « fou ».
Cf. film de Albert DUPONTEL: « Enfermé dehors ».


LOI DU 2 JANVIER 2002 -
5 signifiants importants dans cette loi:
1 . Droit et accès au droit de la personne handicapée.
2 . Contractualisation .
3 . Transparence.
4 . Evaluation renforcée.
5 . Usager.



Encore les Ménines ... par Picasso.

1. Droit et accès au Droit des personnes handicapées.

Ouverture et amplification de l'espace des droits mais les contraintes et limites restent en plan, c'est à dire, les devoirs.
Devoirs et limites structurent : exemple, une personne arrive dans l'établissement, elle doit s'inscrire à 3 ateliers (règlement).
L'idée est de montrer que la vie dans l'établissement demande une participation :droit / devoir
(ex : tâches ménagères).
Mais la limite est l'autre institutionnel, la limite dans le rapport à l'autre. C'est le moyen de travailler sur la castration.
On essaie de fonctionner avec un tiers régulateur : espace de réunion, synthèse, etc.

2 . La contractualisation des échanges.
On signe un contrat avec le nouvel arrivant, modèle marchand.
L'institution fournit des prestations, si elle ne les fournit pas, le sujet peut porter plainte. (vu x fois par le kinésithérapeute, le psychanalyse, etc)
Le texte de loi induit le rapport à l'autre. Le modèle de référence plus ou moins implicite s'inclue dans le lien. Le lien est réduit à un service.
La question du réel et du transfert passe à côté. Ce qui lie les deux parties met chacun sur un pied de symétrie, à la même place. La parole de l'usager et celle du professionnel sont identique.
L'usager évalue la prestation d'un professionnel, il évalue donc les compétences professionnelles d'un professionnel.
Autorité et pouvoir, l'autorité doit être garante et le pouvoir assure le statut (pouvoir disciplinaire, prise de risque et responsabilité).
Dans le lien, la donne change. La place du pouvoir, c'est la place analytique, celle du père.

3 . La transparence.
Logique de transparence d'échange.

4 . L’évaluation…
est une mascarade ! Tout ce qui est de l'ordre de l'humain est ‘à vue’ donc on laisse de côté l'inconscient, l'intime.

5. L’usager.

Il y a un jugement en extériorité sur ce qui est en train de se passer. Une écriture noire sur blanc, une relation sous contrôle.
On n'est pas en train d'édifier un sujet qui se construit avec des limites dans la castration, on édifie un sujet de frustration, de revendication, d'exigence.
Le manque est dû au fait que l'autre est défaillant (toute puissance).
L'idée de l'accès au dossier est intéressante mais dans le lien au soin.
Le sujet se construit avec les signifiants qu'il trouve en attrapant les signifiants qu'une culture, une société lui fournit.
Le signifiant de la loi de 2002 sur le handicape est perçue sur le mode de l'expertise. Un expert fournit un signifiant.

Signifiant « victime »:
Dans les prises en charge par la cellule d'urgence médico- psychologique, la victime est reçue d'emblée. On ne sait pas si le sujet est traumatisé. Le sujet doit attraper le signifiant victime pour la suite (dédommagement, etc).
L'idée de victime entraîne celle d'agresseur, la responsabilité est redistribuée.
La nouvelle loi façonne la pensée. Ce texte de loi modifie le réel de la rencontre, il implique le couple victime / agresseur.
Dans le champs du traumatisme il y a aussi des modifications; d'un traumatisme structurel à l'humain (pulsion sexuelle), on passe à un traumatisme extériorisé. C'est l’événement qui est traumatique, si c'est le cas, le sujet est victime. On ne cherche pas au départ si le sujet est traumatisé.
Dans le champs social, le traumatisme est intégré, intrinsèque au projet, considéré comme événement traumatisant.
SARKOZI est une victime absolue! Il est impliqué dans trois affaires judiciaires mais ne peut pas être jugé, donc jamais responsable... C'est une falsification du Droit par rapport aux usagers.

Quelle conception de l'humain passe dans cette loi de janvier 2002?
Pour l'humain et le travail social, ce qui est dommageable c'est que la loi pose la personne handicapée du côté de la frustration (marchandise, objet) et non de la castration.


Notes de Michèle, mise en ligne de Martine.

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