Fin de notre consultation réciproque avec supervision de Pierre Benghozi et du groupe résonnant du CRAF 05.... J'espère que vous aurez eu plaisir et intérêt à lire cet exposé. Je vous souhaite à tou(te)s de très bonnes fêtes de fin d'année !
Martine
Dans
une relation claire parent/enfant, l’individuation se construit : Même si il y
a distance, cela ne signifie pas rupture du lien mais inscription
dans le lien.
Martine
Sonia :
C’est à dire… Nous sommes dans un hébergement qui peut être renouvelable.
PB :
Combien de fois ?
Sonia: Dans
le cas de Mme B., c’est quelqu’un qui risque … qui peut rester chaque fois 3
mois renouvelable.
Dora :
Théoriquement les financeurs acceptent jusque fin mars 2008, mais on la
laissera pas dehors…
PB : Ce
nouveau paramètre construit tout le reste !
Quel
type de lien, quel investissement, quel relais à penser ? C’est le cadre qui
construit ce questionnement.
Nathalie :
C’est un cadre souple.
PB :
Non, c’est un cadre flou...
C’est
essentiel et du coup ça construit complètement votre travail.
Avec une
contrainte, Mme B. a montré ses ressources.
Sans
cadre, elle ne peut se construire.
Le flou
construit son insécurité, sa propre confusion. Elle semble du mal à repérer le dedans et le dehors, le
Moi et le Non-Moi… Le lien avec l’autre se construit sur ce flou, ouvre la
porte à toutes les incertitudes anxiogènes.
Dés
l’admission, les critères sont à penser pour avoir un sens.
Sonia :
Normalement c’est un an, mais on peut le revoir…
Pierre : Oui
c’est négociable... et pas négociable !
Kate : Dans
un flou, quand travaille-t-on la sortie ?
Dora :
Notre objectif premier est de reloger les personnes. Donc on le travaille tout
le temps.
Pierre : La spécificité du cadre est fondamental.
C’est ce qui permet le projet.
Nathalie :
J’entends qu’on travaille cette sortie, avec des solutions. Vous, vous avez
aussi en tête que, de toute façon, il y aurait d’autres solutions que le CHRS.
Jeanne : “On
est pas tout et pour toujours”… Pour moi, cela résonne fort, c’est comme pour
des parents : ils posent une contrainte à leurs enfants, mais cette position de
contrainte est fondatrice.
Pierre :
Cela est très éclairant pour la situation de Mme B.!
Elle rejoue avec l’institution l’absence de clarté.
Elle rejoue avec l’institution l’absence de clarté.
Brancusi |
Or pour les personnes comme Mme B. cet espace- là
n’est pas
construit dans la clarté, mais dans un vécu abandonnique. Je me mets en
situation de dépendance car là j’existe pour l’autre et il ne peut y
avoir séparation
car séparation = mort.
Ainsi si l’institution rejoue cette impossibilité de
séparation, se rejoue ce paradoxe d’agglutination
abandonnique.
C’est cet effet de haut et de bas dont l’équipe CHRS parlait, “la vague” s’inscrit dans la continuité.
C’est cet effet de haut et de bas dont l’équipe CHRS parlait, “la vague” s’inscrit dans la continuité.
Dans la souffrance du lien, les personnes jouent sur la
relation. Ils entretiennent non pas un lien
de dépendance mais une relation de
dépendance.
C’est pour cela que l’ambiguité existe dans les prises en
charge sociales où on se situe alors dans le “béni-oui-oui”, un prétendu
“humanitaire”mais on ne construit pas, par manque de cadre clair.
David : Je
voulais juste noter que Mme B. désigne tour à tour le CHRS et le CAQ comme
équipe soignante, selon son
interlocuteur.
Pierre :
Mais cela est possible uniquement parce que les personnes sont d’accord !
Dora : Non, cela est recadré, c’est elle qui dit cela et lorsqu’on la renvoie vers
le cadre, elle refuse.
Pierre : Ce
sont des résistances alors.
David :
Elle parle uniquement du moment. Il n’y a aucun travail possible sur son
histoire.
Jeanne : Vous
interpellez les autres structures autour de ce travail ?
David :
Elle utilise plusieurs lieux mais de façon inadéquate.
Laurence :
Je l’ai reçu une fois à l’OPHLM, elle présente bien. Elle vient accompagnée de
sa nièce, se fait passer pour une victime, demande un logement… Elle montre ce
qu’elle veut. On est dans l’incertitude avec elle.
Sonia :
Travailler avec l’équipe ou avec Mme B.? Je ne sais pas…
Laurence :
On hésite à relayer, comme si on nous refilait le bébé. Le flou nous soulage,
au moins au moins on sait que l’équipe du CHRS intervient en cas de problème.
Pierre:
Comme si elle ne pouvait pas vivre sans une autre dépendance.
Sonia : C’est pourquoi on avait pensé à la tutelle.
Kathe :On parle de bébé, on est dans l’affect.
Kathe :On parle de bébé, on est dans l’affect.
Pierre :
Sauf que c’est pas un bébé si passif que ça… Qui est pris dans cet affect
? On dirait que l’OPAC est dans un
représentation de dépendance. Comment la sortie peut-elle être travaillée? Non pas comme une rupture chirurgicale (d’une
dépendance à une autre) mais au contraire comme le passage à un autre lieu, passage qui va être construit.
L’équipe
peut se situer dans un accompagnement, dans un temps de transformation et non
pas de répétition.
En conclusion :
Pierre au groupe : est ce que cela vous a aidé ?
Pierre au groupe : est ce que cela vous a aidé ?
Laurence : Cela
permet de poser des questions autour de cet espace temps, de repositionner les
énergies autour de questions que l’on avait un peu oubliées.
Sonia :
Cela permet de repenser le lien entre Mme B. et nous.
David :
J’étais là avec vous pour apporter mon éclairage, construire des soins. Quelque
soit son hébergement, Mme B. sait qu’elle peut venir nous rencontrer.
Pierre :
C’est un espace-temps différent.
Bonne année !!!