13 janvier 2009

LA RELATION CLINIQUE, par Cécile (cours : C. MEHU, Déc.2008).

En psychanalyse, le sujet, c’est le sujet de la parole. Comment passe t’on de la notion d’objet à la notion de sujet pour permettre au patient de s’emparer de sa problématique ?
C’est la tâche de l’analyste : se servir d’un savoir pour le réinventer avec chaque patient. Le savoir n’est utile que si l’on peut l’oublier.
La position clinique, c’est le sujet supposé savoir.
C’est pour cela que l’analyste doit s’appuyer sur des principes fondamentaux de sa pratique.

Le modèle psychanalytique.

Il se sert de l’inconscient.
Le psychanalyste reconnaît tout ce que l’inconscient détermine : lapsus, actes manqués, symptômes…….Ce sont des manifestations de l’inconscient de tout ce qui a été refoulé. Tout ce qui se joue est le reflet d’autres choses.
( Pour faire un parallèle avec le modèle systémique : Dans ce modèle, c’est une lecture relationnelle avec un repérage sur le jeu relationnel, l’analogique..).

Le sujet en psychanalyse est le sujet de l’inconscient. Pour lui, il n’y a que des questions et il n’y a pas de réponses à donner. Si on a la solution, le travail n’est plus possible.
Notre manière de penser et d’agir est un reflet de notre inconscient. La psychanalyse permet de montrer que l’on est prisonnier de notre inconscient ce qui permet de rendre possible la « dé-liaison » des éléments qui sont en jeu (par exemple, mère « gavante » qui ne laisse pas l’espace du désir).

POUR CE TRAVAIL, IL N’Y A AUCUN MODELE QUI PUISSE ÊTRE PROPOSE PAR L’ANALYSTE.

C’est le caractère conflictuel de la vie psychique qui est en jeu. Entre le désir et la jouissance, il y a les interdits. Il y a conflit entre la libre parole et la résistance. Le symptôme est un compromis entre la pulsion et la défense.
Soutenir le transfert, c’est soutenir l’angoisse de l’autre sans se laisser déborder par les siennes.
Ce qui ne peut être remémoré se répète : répétitions. Ce peut être aussi méta-communiquer (systémie).
Le thérapeute n’est pas dans l’agir, le seul objectif de l’entretien, c’est de comprendre. Ce n’est pas de donner des diagnostics qui va changer les choses. Il faut donc réfléchir à nos envies de dire.

La clinique psychanalytique, c’est soutenir le transfert et interpréter, il n’y a rien à dire.


Pour travailler un projet, il faut d’abord travailler le groupe.
Exemple : le groupe fusionnel, on n’a pas le droit d’en sortir. L’illusion groupale, c’est penser que l’autre pense la même chose que moi lorsqu’il se tait. (Bibliographie : « le groupe et l’inconscient » DIDIER ANZIEUX)
C’est ensuite le processus d’individuation : processus par lequel l’enfant devient une personne et n’est plus un morceau de sa mère. C’est un acte de séparation renvoyant à la dette et la loi. L’argent a une attribution symbolique et renvoie à la loi du père et à la règle.
Le corps est aussi concerné par la cure parce que l’analysé en parle (son corps passe par le dire).

Visées de la cure

C’est un processus qui donne à l’analysé la possibilité d’articuler les éléments constitutifs à sa vérité singulière.
Le patient s’y engage avec sa souffrance et son symptôme quoiqu’ils puissent devenir l’objet de sa résistance (« changez mais ne changez rien »).
Le symptôme a une fonction , sinon il peut y avoir du « vide » et ce peut être une résistance pour le patient. Cela concerne aussi bien le corporel dans sa dimension subjective que le psychisme.

Le travail analytique modifie les rapport du sujet à son inconscient.




Actuellement une expo à Paris, Musée Rodin, sur les collections d'Antiques de Freud et de Rodin. On y reviendra ...

mise en ligne Martine.

10 janvier 2009

2009, année bioéthique par Karine.

Merci pour toutes les infos et meilleurs vœux dans l'attente de se voir à la Garde !

Ci dessous une info pouvant intéresser le groupe D.U. et les autres lecteurs, via le blog.

"Faut-il légaliser les mères porteuses, lever l'anonymat des donneurs de spermatozoïdes et d'ovocytes, autoriser la recherche sur les cellules souches embryonnaires?



Autant de sujets à débattre avant la révision de la loi. Et de polémiques en vue!
Doit-on permettre aux couples homosexuels de faire des bébés-éprouvette? Autoriser des femmes à prêter leur utérus à d'autres? Révéler aux enfants nés des gamètes d'un inconnu le nom du donneur? Rémunérer les dons d'ovocytes? Ces questions et bien d'autres, toujours complexes, parfois douloureuses, seront au coeur de la révision de la loi de bioéthique, adoptée en août 2004, dont le chantier s'ouvre en ce début d'année 2009."

>> Lire la suite de l'article sur: lexpress.fr du 05/01/2009.

copier l'adresse du lien :
www.lexpress.fr/actualite/sciences/2009-annee-bioethique_729618.html -

07 janvier 2009

Réflexions autour de la loi du 2 janvier 2002 –T.D. décembre 2008.

J. CABASSUT :
Enseignant, chercheur à l'université de Nice, psycho-clinicien de formation.
Il travaille dans le champs de la santé, actuellement dans un foyer d'accueil médicalisé (secteur psychose et secteur déficients adulte) et dans l'arriération profonde (handicap mental). Auparavant, il a travaillé plusieurs années dans un centre de rééducation de grands brûlés.
Il ressort de son expérience qu’ un travail d'équipe est nécessaire mais aussi un travail institutionnel dans le cadre du champs de la santé ou du médico-social.
La réflexion d'équipe est nécessaire sur les fonctionnements et dysfonctionnements, en quelque sorte une psychothérapie institutionnelle, l'établissement d'un autre rapport au « fou ».
Cf. film de Albert DUPONTEL: « Enfermé dehors ».


LOI DU 2 JANVIER 2002 -
5 signifiants importants dans cette loi:
1 . Droit et accès au droit de la personne handicapée.
2 . Contractualisation .
3 . Transparence.
4 . Evaluation renforcée.
5 . Usager.



Encore les Ménines ... par Picasso.

1. Droit et accès au Droit des personnes handicapées.

Ouverture et amplification de l'espace des droits mais les contraintes et limites restent en plan, c'est à dire, les devoirs.
Devoirs et limites structurent : exemple, une personne arrive dans l'établissement, elle doit s'inscrire à 3 ateliers (règlement).
L'idée est de montrer que la vie dans l'établissement demande une participation :droit / devoir
(ex : tâches ménagères).
Mais la limite est l'autre institutionnel, la limite dans le rapport à l'autre. C'est le moyen de travailler sur la castration.
On essaie de fonctionner avec un tiers régulateur : espace de réunion, synthèse, etc.

2 . La contractualisation des échanges.
On signe un contrat avec le nouvel arrivant, modèle marchand.
L'institution fournit des prestations, si elle ne les fournit pas, le sujet peut porter plainte. (vu x fois par le kinésithérapeute, le psychanalyse, etc)
Le texte de loi induit le rapport à l'autre. Le modèle de référence plus ou moins implicite s'inclue dans le lien. Le lien est réduit à un service.
La question du réel et du transfert passe à côté. Ce qui lie les deux parties met chacun sur un pied de symétrie, à la même place. La parole de l'usager et celle du professionnel sont identique.
L'usager évalue la prestation d'un professionnel, il évalue donc les compétences professionnelles d'un professionnel.
Autorité et pouvoir, l'autorité doit être garante et le pouvoir assure le statut (pouvoir disciplinaire, prise de risque et responsabilité).
Dans le lien, la donne change. La place du pouvoir, c'est la place analytique, celle du père.

3 . La transparence.
Logique de transparence d'échange.

4 . L’évaluation…
est une mascarade ! Tout ce qui est de l'ordre de l'humain est ‘à vue’ donc on laisse de côté l'inconscient, l'intime.

5. L’usager.

Il y a un jugement en extériorité sur ce qui est en train de se passer. Une écriture noire sur blanc, une relation sous contrôle.
On n'est pas en train d'édifier un sujet qui se construit avec des limites dans la castration, on édifie un sujet de frustration, de revendication, d'exigence.
Le manque est dû au fait que l'autre est défaillant (toute puissance).
L'idée de l'accès au dossier est intéressante mais dans le lien au soin.
Le sujet se construit avec les signifiants qu'il trouve en attrapant les signifiants qu'une culture, une société lui fournit.
Le signifiant de la loi de 2002 sur le handicape est perçue sur le mode de l'expertise. Un expert fournit un signifiant.

Signifiant « victime »:
Dans les prises en charge par la cellule d'urgence médico- psychologique, la victime est reçue d'emblée. On ne sait pas si le sujet est traumatisé. Le sujet doit attraper le signifiant victime pour la suite (dédommagement, etc).
L'idée de victime entraîne celle d'agresseur, la responsabilité est redistribuée.
La nouvelle loi façonne la pensée. Ce texte de loi modifie le réel de la rencontre, il implique le couple victime / agresseur.
Dans le champs du traumatisme il y a aussi des modifications; d'un traumatisme structurel à l'humain (pulsion sexuelle), on passe à un traumatisme extériorisé. C'est l’événement qui est traumatique, si c'est le cas, le sujet est victime. On ne cherche pas au départ si le sujet est traumatisé.
Dans le champs social, le traumatisme est intégré, intrinsèque au projet, considéré comme événement traumatisant.
SARKOZI est une victime absolue! Il est impliqué dans trois affaires judiciaires mais ne peut pas être jugé, donc jamais responsable... C'est une falsification du Droit par rapport aux usagers.

Quelle conception de l'humain passe dans cette loi de janvier 2002?
Pour l'humain et le travail social, ce qui est dommageable c'est que la loi pose la personne handicapée du côté de la frustration (marchandise, objet) et non de la castration.


Notes de Michèle, mise en ligne de Martine.

21 décembre 2008

Journal d'une étudiante : La "menine" de J. CABASSUT.


Lors de son denier cours en novembre, P. PEDRO, dans une de ses envolées lyriques et passionnantes dont il a le secret, nous avait raconté sa fascination devant le génie de Vélasquez, notamment dans sa toile des "Ménines". Les Ménines sont les dames de cour de la petite infante d'Espagne, au départ sujet principal du tableau. Cependant le peintre nous présente également l'entourage de la petite reine.
Parmi les Dames de compagnie, une Naine, Donna Isabel est là dans la composition, à nous dévisager, et à nous inviter à entrer dans le tableau. Par de subtil jeu de dispositions et de miroirs, en effet, d'autre personnages qui ne sont pas acteurs principaux de la scène, apparaissent. L'un -l'artiste- se penche, légèrement dans l'ombre, décalé,et nous contemple. D'autres apparaissent, par leur reflet au fond d'un miroir. Là-bas, derrière la scène, un homme soulève un rideau, y penètre-t-il ou va -t-il disparaitre ?



Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver la "Ménina" à ce cours de T.D. de J. CABASSUT ! Mais ici elle ne s'appelle pas Isabel mais Martha...
Tel le peintre, c'est ici le psychologue clinicien qui nous invite à rentrer dans le tableau. Le lieu n'est pas la cour d'Espagne, mais une institution pour handicapés. Et parmi tous les personnages, il y a Martha, qui me fait penser à cette ménine, Isabel. Le peintre, pardon notre prof, nous regarde légèrement ironique : Et bien rentrerez vous dans la réflexion ? Comme le visiteur devant le tableau, je suis spectatrice mais je deviens actrice dans l'exposé de la situation de Martha-Isabel. Elle m'interpelle et nul besoin de paroles de sa part pour aller à sa rencontre, pour réfléchir à la relation établie entre elle et son thérapeute. Et par là même à interroger quelle relation clinique entre une personne et moi-même en tant que professionnelle du social se crée, se met en place et s'élabore. J'accepte l'invitation et je me mets au travail, avec les autres étudiantes ...

Après toutes ces émotions et ces réflexions, nous avons bien besoin des vacances de Noël pour nous remettre, et poursuivre la réflexion !
Alors je vous souhaite à toutes et tous une très belle fin d'année, de bons moments et de belles lectures !

08 décembre 2008

Société en crise / Crise de sociétés.

Cours de P. PEDRO.

La société bouge à grande vitesse, fonctionne au rythme de la finance : il se prépare une crise de l'avenir, il est urgent de la comprendre.

La société se complexifie, on ne peut imaginer les conséquences des décisions prises. Nos relations interpersonnelles transforment complètement nos identités.

Nos ados vivent dans un monde technologique.

La France est une société de statuts, hiérarchisée, datant de l'ancien régime. La société anglo-saxonne a 10 ans d'avance.

Cf. Charles TAYLOR : « Une société fragmentée est celle dont les membres éprouvent de plus en plus de mal à s'identifier à leur collectivité politique en tant que communauté. Cette faible identification reflète peut-être une perspective atomiste qui amène les gens à considérer la société d'un point de vue purement instrumental. Mais la société accentue aussi cette perspective atomiste parce que l'absence de perspective partagée renvoie les gens à eux-même. »

Atomisation : l' atome est incertain, flotte, la société devient liquide, coule.

Existera-t-il encore une société dans l'avenir?

Le droit individuel se développe de plus en plus, alors que le Droit de la famille est remis en cause. Le « chacun son Droit » rompt le lien social, érode la société.

Cf. Michel HOUELLEBECQ : « Les particules élémentaires ».

Le Droit se retrouve aujourd’hui à l'état gazeux, il est flexible : Est-ce encore du Droit?

La société actuelle avance par scandales, par chocs politiques. Notre droit est relié à une culture, le « Droit » est un artifice de langage.

Il existe un « no man’s land » de société où se situe l'adolescence. On ne la comprend pas, ni ne la prenons en compte..

D'après Boris CYRULNICK, soit on décide d'être spécialiste et on cumule des informations sur un point précis ( on sait tout sur ce point mais rien sur le reste), soit on voit un peu partout et on sait rien de précis mais on saisit l'Homme, dans sa complexité.

Actuellement notre vision de l'identité est confondue avec une seule appartenance. Il y a risque de fermeture.

Notre société, composée comme une tour de Babel, est de plus en plus complexe, il y a risque de ne plus se comprendre, cela déclenche une peur réciproque.

3 changements considérable dans les liens qui nous rattachent les uns et les autres.

· Une crise de la relation au temps

Le droit est fondé sur le temps. Pour penser notre société il y a prise en compte du passé, du présent et de l'avenir, mais cela n'est plus articulé. Le temps s'étire en longue durée, les statuts de parent et enfant sont les mêmes à présent.

Que vont vivre nos enfants? Le passé est souvent oublié, devenu incompréhensible, la mémoire est oubliée et il manque le recul du « temps long ».

Le présent est pesant car vécu en temps réel dans une culture de l'immédiateté (mail, portable).

Le futur paraît indiscernable. Gouverner en principe c'est prévoir, mais...

· Une crise de relation à l’espace.

La société rurale a évolué, il n'y a plus que 4% de ruraux, les déplacements sont plus rapides. Avec l'évolution constante, l'espace change, l'espace intergénérationnel également.

En 1968, il y a eu affrontement générationnel, mais maintenant il y a juxtaposition et même concurrence entre plusieurs générations.

Le pouvoir appartient aux individus de 60 à 70 ans et ayant un bon pouvoir d'achat. Il y a peu de dialogue entre les générations.

En banlieue, jeunes et adultes n'ont rien à se dire.

· Crise de la relation à la norme.

Avec la montée de l'individualisme, on veut défendre ses droits, mais chacun essaie de trouver ses propres repères en lui-même. Chacun veut être le chef de projet de sa propre vie et désire une grande liberté.

L'individualisation de la société crée des stratégies sélectives. Dans une société d'individus, il y a un égalisme positif et un égalisme négatif. Dans l'égalisme négatif, les gens se replient sur eux-même et sont inquiets, anxieux.

Les jeunes représentent un égalisme négatif avec une montée en force humanitaire. Avec la crise de la transmission, il y a méfiance envers les autres générations. Le refuge peut se trouver dans l'intime, la famille.

Trois autres crises s'ajoutent à celles du temps, de l'espace et de la normalité :celle touchant au domaine de l'état, de la famille et de l'industrie.

La crise étatique.

Elle est liée à la crise de l'état providence et à la crise de l'encadrement normatif voulu par l'état, c'est à dire,que les français acceptent de moins en moins ce qui vient d'en haut. C'est une volonté de l'individu de se soustraire du collectif.

Il y a volonté d'avoir une protection (mutuelle, assurance, acquis sociaux, etc) mais tout en se tenant à distance du collectif, en bref, avoir une protection collective que quand on en a besoin.

Il y a aspiration à se brancher et débrancher à volonté.

Notes de Michèle (sep 2009), article par Martine.