20 janvier 2013

"Créer un souvenir du futur" par Isabelle Farcy Haid

Isabelle Farcy-Haïd a suivi un stage avec Guy Hardy,
directeur d’un centre d’intervention auprès de familles en difficulté, thérapeute familial, formateur en approche systémique et en Programmation Neuro-Linguistique. 
Elle nous livre ici ses impressions et les idées fortes qu'elle a notées tout au long de ces journées. Surprise et créativité ...
     Gioia Cordovani
Se former c’est se déformer pour mieux se reformer. Il  est toujours temps pour nous travailleurs sociaux de s’émanciper de nos pratiques au travers de nouvelles rencontres. Il en est UN qui se régale à nous torturer l’esprit, à heurter nos consciences professionnelles et vulgariser notre façon d’être et de faire. Et bien il est « HARDY » celui-là…oui c’est lui, Guy HARDY ! 

« Je rencontre beaucoup de travailleurs sociaux et je suis frappé de voir combien ils sont souvent seuls face à des situations très lourdes. Il y a pourtant une équipe et des discussions d’équipe, mais celles-ci sont consacrées plus à exposer et à comprendre les cas qu’à soutenir l’intervenant et à l’aider à identifier le jeu relationnel dans lequel il est pris, souvent à son insu. »([1])
Il arrive l’air de rien…se présente et nous dit qu’il faut arrêter de travailler comme on le fait depuis des années avec les « Gueux » !
Avec les quoi ? Les regards se figent, il est le point de mire des professionnels qui l’attendent au tournant. Mais c’est qu’il ne se démonte pas : « Oui, les gueux ! Au sens propre du terme, ceux qui méritent l’aumône, qui méritent qu’on prenne soin d’eux ! »
Ça y est le ton est donné. S’en suit la présentation d’une multitude de récits de vie, d’expériences vécues avec des familles. Cet orateur captivant nous nourrit alors d’images, tel un conteur il nous transporte dans son univers aux multiples facettes.
Objectif : aider les non demandeurs d’aide.
Il nous met face à ce paradoxe que l’on retrouve dans tout type de relation humaine : vouloir que l’autre sache ce que je veux qu’il sache sans que je lui dise. Ajoutons l’injonction faite aux familles : «Il faut que tu changes mais je veux que tu veuilles TE changer et je veux que tu veuilles de l’aide pour cela. "
Ce n’est pas une mince affaire, par quel bout prendre la pelote maintenant qu’il faut (re)tricoter ?
Il sort alors de sa besace des outils connus des travailleurs sociaux, PNL, systémie, proxémie pour les injecter dans sa pratique relationnelle.
Mais surtout il est contagieux cet homme là ! Il dégage une telle dose d’optimisme, d’énergie et de vitalité qu’il nous entraine dans son sillage.
Il nous parle sans cesse de « soleils » qui s’allument, il les mime ces soleils, il les fait s’éclairer au dessus de la tête de chacun de nous…de chacun d’eux !
Alors que la culpabilité est tournée vers le passé, Mr HARDY nous demande de travailler le sens de la responsabilité avec les familles qui elle est tournée vers le futur… demain et après-demain.
« Et bien oui ! Hier et avant-hier pour en faire quoi ? »
Bon allons y, chacun des participants se lancent, mouille sa chemise dans les jeux de rôle, pas de doute, c’est le chaos pour tout le monde.
Maria-Luise Bodirsky
 « D’habitude je mène mon entretien comme ça, là c’est plus possible, surtout ne plus poser la question : POURQUOI ? (culpabilité) Mais… ET DEMAIN ? (responsabilité) ».
 « Et demain comment se sera pour vous ? »  C’est là qu’intervient toute la générosité de Guy HARDY, il faut créer un souvenir du futur pour ces familles ou pour cet individu !

C’est parti ! Du rire, des grands moments solitude, des instants d’illumination et cette confiance en soi qu’il faut cajoler sans cesse pour nous professionnels au service de l’humain.  Soyons créatifs, tiens j’ai déjà entendu çà quelque part !                                     

Au final ce qu’il veut Guy (je peux l’appeler Guy, il ne m’en voudra pas !) c’est nous faire passer par 4 stades d’apprentissage :
-      1) Inconsciemment incompétent
-      2) Consciemment incompétent
-      3) Consciemment compétent
-      4) Inconsciemment compétent
Et il nous laisse faire le grand écart entre la 2ème  et la 3ème étape, autant dire qu’il y a encore du boulot pour arriver au bout !

Ça sert donc à cela les formations mettre en chantier les us et coutumes du champ social ? Oui réinventer encore et encore !

Francis Herrero

Mr HARDY JE NE VOUS DIRAIS QU’UNE SEULE CHOSE : « Il faut être illuminé de l'intérieur pour éclairer à l'extérieur. » (François Garagnon)



(1)    [1] [1]« S’il te plaît, ne m’aide pas ! » - Guy HARDY – érès – Editions jeunesse et droit – 2001.[1]